La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo s'assoit avec Le Parisien dans son premier entretien depuis sa réélection officielle le 3 juillet, une occasion de confirmer ses promesses de campagne, comme la création de «forêts urbaines», un projet qui devrait débuter dans un proche avenir.
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Problèmes environnementaux
À la fin de votre campagne, vous avez annoncé que les 50 km de pistes cyclables qui avaient été créés pour le transport post-quarantaine resteraient sur les routes. Maintenant que vous avez été réélu, pouvez-vous le confirmer?
ANNE HIDALGO: Les Parisiens ont clairement fait un choix. Ils ont choisi l'environnementalisme, la poursuite d'un projet nous permettant de mieux respirer et de faire la navette différemment. Donc, oui, nous allons faire de ces lignes de vélo un élément permanent. En fait, nous avons commencé à travailler avec le préfet de police. Sur la rue de Rivoli, entre la rue du Louvre et la Concorde, nous allons accorder plus d'espace aux bus et taxis, tout en laissant une place prédominante aux motards. De plus, nous souhaitons également maintenir en place les terrasses extérieures, créées par les restaurants après la quarantaine. Cela sera discuté au Conseil de Paris en septembre.
Des travaux de construction seront-ils nécessaires si ces voies sont conçues pour durer?
Ces voies resteront telles quelles car je ne veux pas mettre la ville en construction pour elles, mais avec David Belliard (NDLR: nouvel adjoint EELV en charge des transports), nous allons voir ce qui peut être fait pour améliorer l'esthétique . Nous devrons aussi sécuriser certaines voies: elles seront plus clairement définies avec de la peinture. Je pense aux ruelles du boulevard Magenta ou aux boulevards des Maréchaux en particulier.
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Avec ces permanents coronapistes, ne craignez-vous pas que la circulation soit compliquée à l’entrée de la rentrée?
C’est à chaque grande ville d’accompagner ce changement de mode de transport. Il est clair que Paris a besoin de moins de voitures, c'est-à-dire proposer des transports en commun alternatifs: c'est pourquoi je me bats pour le prolongement des lignes 16 et 17 dans le cadre du Grand Paris Express. C'est aussi pourquoi je fais pression pour le transport gratuit […] pour les enfants jusqu'à 18 ans. Nous devons maintenir le cap.
Même si cela signifie qu'au départ, nous devrons accepter plus d'embouteillages?
Pas vraiment, car le trafic a diminué au cours des 30 dernières années, une tendance qui s'est encore accentuée ces six dernières années. Hormis les manifestations, ou dans certaines zones où de gros travaux sont en cours, comme la porte Maillot, cette diminution du trafic des véhicules est très évidente et nous devons continuer à la soutenir.
Quant aux autres projets d'avenir comme la limitation de vitesse à 50 km / h sur le périphérique ou l'interdiction des véhicules diesel d'ici 2024… Confirmez-vous ces plans? Les accélérez-vous?
L'interdiction des voitures diesel d'ici 2024 et l'arrêt de la distribution des moteurs à combustion d'ici 2030 ont été votés à l'unanimité par le Conseil de Paris. Nous avons maintenu cette ligne de conduite pendant la campagne et les Parisiens ont approuvé, alors bien sûr nous continuerons. Jusqu'au périphérique s'inquiète, nous allons poursuivre les discussions avec les maires des quartiers concernés, pour décider ensemble de différents scénarios concrets. Sachant que d'ici 2024, les voies de circulation seront réservées aux transports en commun, aux véhicules propres et au covoiturage. D'ici là, nous commencerons à écologiser des projets à grande échelle le long des autoroutes.
Quelles autres mesures «vertes» allez-vous prendre?
Après mon mandat de 2014, fortement concentré sur l'utilisation du vélo en ville, ce nouveau terme se concentrera sur des projets de verdissement afin d'adapter la ville au changement climatique. Les études concernant les parcs urbains de la place devant la mairie, près de l'Opéra Garnier, ou près de la gare de Lyon, débuteront très prochainement. Je souhaite faire de ces quartiers des sites majeurs comme les Invalides ou le Champ-de-Mars. Idem pour la Tour Eiffel, avec le quartier Trocadéro-Pont d’Iéna à terminer d’ici 2024, et les Champs-Elysées, où nous planterons fortement sur la partie basse en direction de la place de la Concorde.
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Logement
Pourquoi avez-vous prévu un référendum sur Airbnb à l'automne?
La question du logement est un enjeu crucial pour les Parisiens, car c'est leur premier poste de dépenses. Nous avons déjà beaucoup fait, puisque le logement social et familial représente 23% des logements à Paris. Nous devons aller plus loin en continuant à produire des logements abordables. Il existe également une réserve de logements de type Airbnb, environ 30 000, à Paris. Le défi est de les récupérer. Nous allons donc demander aux Parisiens s'ils sont ou non favorables à une limitation de la durée annuelle de location de ces appartements lors d'un référendum. Cela encouragera les propriétaires à ne pas les mettre sur le marché locatif.
Quels sont vos objectifs quantifiables?
Nous avons créé le Foncière de Paris, qui aidera la classe moyenne à acquérir un logement à bas prix en achetant uniquement la propriété, la Ville restant propriétaire du terrain. Cela devrait représenter environ 1 000 unités de logement par an. Nous continuerons également de créer des logements sociaux, pour lesquels nous nous sommes fixé un objectif de 25% d'ici 2025, ce que nous atteindrons. Nous devons également accélérer la transformation des bureaux en logements alors que la crise économique et le travail à distance changent la donne.
Coronavirus
Le coronavirus est de retour. Doit-on inquiéter les Parisiens ou les rassurer?
Nous devons rester très vigilants. Les Parisiens ont été exemplaires lors du verrouillage. C’est ainsi que nous avons réussi à lever la quarantaine sans retourner immédiatement dans la zone rouge. Nous sommes, bien sûr, des êtres sociaux et il y avait un tel désir de mettre fin à la quarantaine que nous avons remarqué une certaine insouciance ici et là …
Pour cette raison exactement, était-il nécessaire d'héberger Paris-Plages?
Tous les Parisiens ne partent pas en vacances. Nous avons dû le faire comme nous l'avons fait, avec beaucoup d'éducation d'accompagnement sur la façon d'arrêter la propagation du virus ainsi que la distribution de désinfectant pour les mains. Nous avons également mis en place des tests PCR et anticorps gratuits sur les bords de Seine et à La Villette.
Quelles leçons avez-vous tirées de la crise sanitaire?
Nous nous sommes retrouvés confrontés à une bureaucratie gouvernementale plutôt délirante qui passait son temps à produire une doctrine et des normes pour masquer les pénuries. En fait, on est encore loin des 700 000 tests promis par le gouvernement. L'une des leçons que j'ai apprises, c'est qu'il fallait créer une direction de la santé publique à Paris, car il était clair que nous avions besoin de flexibilité et de rapidité. Une de ses missions sera de travailler au plus près du public. D'ici la fin de l'année, nous aurons déjà bien progressé, en étroite collaboration avec l'AP-HP, bien sûr.
Comment comptez-vous gérer le coût de l'épidémie provoquée par la Ville?
Comme dans toutes les villes, les dépenses liées à Covid étaient essentielles pour des raisons évidentes de santé. A Paris, la crise a coûté 565 millions d'euros. Heureusement, la Ville de Paris est bien gérée et nous avons pu puiser dans nos économies. Cependant, il faut trouver des solutions qui permettront aux autorités locales de continuer à maintenir les efforts d'aide économique et sociale, tout en continuant à investir. Dans tous les cas, nous devons pouvoir bénéficier du plan de relance au niveau de l’État.
Les jeux olympiques
Vous avez demandé un réexamen du projet des Jeux Olympiques. Pourquoi fais-tu ça?
C’est le bon moment pour le faire, car les quatre prochaines années vont passer très vite. Covid complique la tâche d'un certain nombre de partenariats. En ce qui concerne les infrastructures nécessaires pour les jeux, les villages olympiques et paralympiques, nous ne sommes pas en retard. Mais concernant la livraison et toutes les opérations qui l'entourent, nous pouvons peut-être revoir certaines choses pour réduire la facture globale. Nous aurons prochainement des rencontres avec Michel Cadot, le nouveau délégué interdépartemental, Tony Estanguet, des représentants régionaux et municipaux, et des représentants de Seine-Saint-Denis. Deux choses me paraissent très importantes: n'abaisser ni nos objectifs environnementaux ambitieux, ni les aménagements à long terme prévus pour la Seine-Saint-Denis.
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Source: Circulation, Airbnb, budget… Anne Hidalgo fixe le cap de son nouveau mandat
Image en vedette: Jacques Paquier / CC BY 2.0
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